22 avril 2025 01:45
"Promesse" : le film bouleversant de Laurène et Thomas Hug de Larauze sur la leucémie
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©Wayna Pitch
Le documentaire Promesse, réalisé par Thomas et Laurène Hug de Larauze, sort en salles ce 23 avril 2025. Il retrace le parcours de Laurène, une jeune femme de 22 ans atteinte d'une Leucémie, qui a documenté son quotidien à travers des vidéos personnelles. Après son décès, son frère jumeau, Thomas, s'engage à concrétiser ce projet, cette Promesse, à partir des images laissées par Laurène.
Thomas Hug de Larauze,
"Promesse ce n’était pas mon projet à la base, c'est celui de ma sœur jumelle Laurène. Laurène est tombée malade d'une leucémie quand on avait 16 ans. Elle était au Canada à cette époque, c'était en 2009 et elle a été diagnostiquée là-bas. Elle est rentrée en France le jour de Noël et s'est suivie six ans et demi avec la maladie.
Laurène voulait témoigner. Elle voulait partager son histoire avec comme credo : Si tu ne peux pas rajouter des jours à la vie, alors ajoute de la vie à chaque jour.
Cette phrase n’est pas d'elle, mais c'est ce qui l'animait au quotidien et c'est ce qu'elle voulait faire transparaître dans ses vidéos. Donc elle s'est procuré une caméra et elle a commencé à se filmer au quotidien, surtout dans la dernière année de sa vie. On n'y connaissait rien au cinéma, et on a eu cette discussion ensemble où je lui ai fait cette promesse : que je l'aiderai à faire ce film.
Laurène nous a quittés en 2016 des suites de complications d'une greffe de poumon et à la suite de cette de son départ, moi ça me paraissait juste impossible de faire ce film.."
Peux-tu nous expliquer comment tu as démarré ton processus de réalisation de ce film ?
"C'était trop dur. Je ne savais pas ce qu'elle avait filmé exactement, J'avais pas envie de voir ces images. Et donc ça m'a pris deux ans avant de pouvoir les. Et c'est en les voyant que j'ai finalement réalisé le cadeau qu'elle avait laissé derrière elle, c'est là que j'ai décidé de faire cette Promesse. J'ai fini mes études, je n’ai pas cherché de boulot et je me suis lancé dans Promesse.
Au début, le sujet, c'était simplement le portrait de ma sœur. C'est ce qu'elle voulait. Et moi, j'avais beaucoup de pudeur. Je ne voulais surtout pas apparaître dans le film et finalement j'ai décidé d'élargir le sujet à comment notre famille a vécu notre histoire. Ce film c'est un film sur le vécu de notre famille avec je pense en fil conducteur le fait d'oser libérer la parole.
Ça a été hyper compliqué honnêtement, de me projeter à faire ce film. C'était presque un poids à un moment de devoir le faire. Honnêtement, j'y connaissais rien, je ne sais pas ce que ça voulait dire faire un film et je savais qu'elle avait fait toutes ces images et qu'elle voulait les partager. Ce film a finalement été très thérapeutique. Ça m'a fait beaucoup de bien aussi.
J'ai mis du temps à le réaliser, mais c'est à force de discuter avec des gens sur l'écriture, ma productrice, que j'ai pris conscience que ce film me faisait du bien."
Comment le projet a été reçu par toute la famille ? Comment avez-vous finalement travaillé main dans la main pour arriver à mettre en lumière les images de Laurène ?
"Je suis très très heureux d'être celui qui était derrière la caméra et pas devant parce que moi j'aurais été très paniqué à l'idée de devoir témoigner. Et je remercie énormément ma famille d’avoir été ce soutien, parce que c'était le projet de Laurène. Ils ont été incroyables et hyper réceptifs. J'ai pris le temps qu'ils soient en confiance aussi et au final, on a eu des discussions qu'on n'avait jamais eues, quand bien même on parle facilement dans ma famille.
Je suis hyper reconnaissant parce qu'aujourd'hui c'est une des grandes forces du film, comment eux racontent ce qu'ils ont vécu."
Tu sors actuellement de la première projection publique de ton film lors d’une avant-première à Nantes, comme ça c’est passé ?
"Hier (26 février 2025), c'était un moment que je redoutais énormément, la première avant-première publique, parce que ce film, ça fait six ans que je travaille dessus. Il y a eu des hauts, des bas, il y a eu beaucoup de doutes et j'ai été porté par Lorraine. C'était la première fois qu'il était montré au grand public. Il y a eu un super engouement, la grande salle du Pathé était remplie et la deuxième salle aussi, plus de 800 personnes.
Se retrouver face à tous ces visages, au début, c'était compliqué. Compliqué de garder mon émotion en moi. À la sortie de la séance, il y a pas mal de gens qui sont venus me voir en me disant que ça leur avait fait du bien et que ça ne les avait pas du tout plombés, au contraire.
Parce qu'on peut avoir peur sur le papier que ça puisse être un film, sur le départ d'une adolescente de 22 ans… Mais ce film est sur la vie et pas tellement sur la maladie."
Comment te sens-tu personnellement aujourd’hui avec la sortie de ce film sur lequel tu travailles depuis longtemps ?
"Ce serait mentir de dire que tous les jours c'est génial, etc. Et il y a des gens qui disent : je remercie d'avoir eu la maladie, moi pas du tout. J'avais de la culpabilité à me dire que moi j'étais le jumeau qui était encore ici et que c'était tellement absurde que ce soit elle et pas moi. Donc jamais je remercierais la maladie d'être arrivé dans notre vie, mais ça m'a quand même permis de prendre du recul sur la vie et encore une fois, sans donner aucune leçon à qui que ce soit. Parce que ce film est sur notre vécu à nous. Le but c'était de partager ça, qu'effectivement c’est compliqué, mais la vie peut être très belle aussi et que l'essentiel, c'est de le partager. Si tu le gardes pour toi, tu nourris des frustrations et tu peux aussi t'isoler.
Je ne dis pas que je partage toutes mes émotions, loin de là, mais ce film, ça a été l'occasion de le faire. Et avec notre famille, on a maintenant ce fonctionnement et ça nous a fait beaucoup de bien de pouvoir parler de ça.
Ce film expose que la vie peut être belle malgré les moments compliqués et qu’il faut en parler, sans tabous."
Promesse sort le 23 avril en salles.
🎗Toutes les recettes seront reversées à des associations qui portent les valeurs de Laurène.
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