19 mars 2025 03:15 | Modifié le 20 mars 2025 12:17

Le cinéma d'horreur : une réflexion sur la peur et un évènement MadMovies

Cinéma et société
Par Camille Blaringhem

 

Le genre de l'horreur est l'un des plus anciens et des plus populaires dans l'histoire du cinéma. Depuis les premiers films muets de l'ère cinématographique, jusqu'aux blockbusters contemporains, l'horreur a captivé un large public. Mais pourquoi ce genre, qui se base sur des émotions aussi primaires et perturbantes que la peur et l'angoisse, suscite-t-il une telle fascination ? 

Le cinéma d'horreur exploite la peur, un sentiment aussi naturel que fondamental dans l'expérience humaine. Freud, dans ses théories sur la psychologie, a souvent souligné l'importance de la catharsis, cette purification par l'émotion. Les films d'horreur offrent une sorte de décharge émotionnelle, permettant au spectateur de confronter ses peurs dans un cadre sécurisé. Le danger, les monstres, les créatures surnaturelles ou les psychopathes sont des menaces virtuelles que le spectateur peut affronter sans risque réel. Cette expérience produit une forme de soulagement, une libération après avoir vécu cette montée d'adrénaline dans un environnement contrôlé.

Psychologiquement, l'horreur offre aussi une forme d'exposition graduée à des peurs profondes et irrationnelles. En voyant ces peurs sur grand écran, le spectateur peut se confronter à ses propres angoisses et ainsi développer une forme de résilience émotionnelle.

 

L'une des raisons de la longévité et de la popularité du genre est sa capacité à refléter et à amplifier les peurs sociétales de chaque époque. Chaque époque a ses propres anxiétés, et le cinéma d'horreur en fait souvent le miroir, parfois de manière métaphorique et symbolique ou de manière réaliste, ce qui rend le film captivant tellement il se rapproche de la réalité.

L’horreur des années 1950 : la guerre froide et la peur du nucléaire.

Les années 1950 ont vu l'émergence de films comme Godzilla (1954) ou La Nuit des Morts-Vivants (1968), qui s’inspiraient directement des peurs liées à la guerre froide et à l'armement nucléaire, sujets majeurs de la société de cette période. Godzilla, par exemple, est né de l'angoisse des ravages d’une bombe atomique, un symbole de la menace nucléaire qui planait sur l'humanité à l'époque.

 

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©Solaris Distribution - Toho Co., Ltd. 

 

Les années 1970 : la crise de la confiance et les peurs urbaines.

Au cours des années 1970, des films comme Massacre à la tronçonneuse (1974) ou L'Exorciste (1973) ont reflété une perte de repères sociaux, avec une méfiance croissante envers les autorités et les institutions dans une société qui essaye de s'émanciper des codes et pouvoirs sociaux de l’époque. Ces films exploitent la terreur qui naît du chaos, de la déshumanisation et de la rupture du contrat social. Les monstres et démons deviennent des représentations de la peur de l'inconnu, de l'altérité ou de la déviance.

 

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©New Line Cinema, Bryanston Distributing Company - Warner Bros., Warner Bros. Pictures

 

Les années 1980 et 1990 : l’anxiété post-vietnamienne et la montée de l’horreur psychologique.

Dans les années 1980 et 1990, des films comme House (1985) et The Shining (1980) ont élargi le champ du genre en abordant non seulement les menaces physiques mais aussi les dérives psychologiques. Le genre a reflété une époque marquée par les crises politiques, les guerres civiles, mais aussi par une intensification des peurs intérieures liées à l'isolement, la paranoïa, et la folie dû notamment à la guerre du Vietnam qui a marqué le monde entier de part son atrocité.

 

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©New World Pictures - Warner Bros., Columbia Pictures, Warner Bros. Pictures

 

Les années 2000 : l'horreur numérique et la peur de l’intelligence artificielle 

Le début du 21e siècle a vu une mutation dans le genre, avec des films comme Pulse (2006) ou The Ring (2002), où la peur est plus sournoise et souvent liée à la technologie ou à l’influence de médias (comme les vidéos maudites). Cette époque fait écho aux inquiétudes contemporaines sur les nouvelles technologies, la surveillance, et la perte de contrôle sur notre environnement digital. Une peur qui continue de grandir au sein de notre société en même temps que les technologies se développent et que les médias gagnent en pouvoir. 

 

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©The Weinstein Company, Dimension Films, Paramount Pictures - DreamWorks Pictures, Asmik Ace

 

L’effet des films d'horreur sur les spectateurs peut être double. D'un côté, il y a les effets immédiats de stress, de peur et de tension, ce qui rend ce genre compliqué à regarder pour certains individus qui ne supportent pas de ressentir ces émotions. Ces sensations sont souvent intensifiées par des éléments comme le son, la lumière et les images choquantes. Les films d'horreur modernes utilisent aussi des techniques de jump scares, une image furtive et inattendue, qui provoque la surprise chez le spectateur, ou des scènes visuellement perturbantes pour maximiser la réaction émotionnelle du spectateur.

 

Cependant, l'impact psychologique des films d'horreur va au-delà de ces frissons immédiats. Plusieurs études ont montré que les films d'horreur peuvent provoquer des effets plus profonds sur le comportement et l'attitude du spectateur. 

Désensibilisation à la violence : 

Les films d'horreur, surtout les plus violents, peuvent entraîner une forme de désensibilisation. Après avoir été exposés à des scènes violentes et sanglantes, certains spectateurs peuvent devenir moins sensibles à la violence dans la vie réelle.

Exacerbation de l’anxiété et des phobies : 

Pour certains individus, surtout ceux qui ont déjà des prédispositions à l'anxiété ou aux phobies, regarder un film d'horreur peut entraîner une intensification de leurs symptômes. Et c’est là que ce genre marque ces limites. 

Cohésion sociale et plaisir partagé :

Paradoxalement, l'horreur peut aussi avoir des effets positifs, notamment en créant des liens sociaux. Regarder un film d'horreur avec des amis ou en famille renforce souvent la cohésion sociale, car il offre un espace aux spectateurs pour exprimer des émotions fortes qui peuvent rendre vulnérable, auprès des autres tout en restant dans un environnement sécurisé.

 

La popularité persistante du cinéma d'horreur réside dans sa capacité à toucher des cordes sensibles chez les spectateurs. Ce genre est un moyen sûr de confronter des peurs primaires et des angoisses sociétales, tout en provoquant des émotions fortes et cathartiques. Que ce soit pour échapper à la réalité, pour comprendre les peurs de la société ou simplement pour se divertir, le cinéma d'horreur continue de captiver. En fin de compte, même si la peur fait partie de l'expérience humaine la plus fondamentale, elle peut aussi être un outil puissant pour comprendre et explorer notre monde intérieur et extérieur.

 

À noter : Les MadMovies Awards – Célébration du cinéma de genre

Lundi 31 mars 2025, de 19h15 à 23h45, au Cinéma Max Linder Panorama, se tiendra la première d’un événement qui au fil des années deviendra incontournable pour les passionnés de cinéma de genre : les MadMovies Awards. Cette soirée célébrera le meilleur du cinéma de genre avec la projection du Meilleur Film primé, suivie d'un grand débat public avec les journalistes de MadMovies. Des prix seront également remis aux films dans diverses catégories comme Meilleur Film, Meilleur Premier Film, et Meilleurs Effets spéciaux/Maquillages. 

Cette soirée se veut un hommage à la richesse et à la diversité du cinéma de genre, un genre qui continue de refléter les peurs et les aspirations de notre société, tout en offrant aux spectateurs une expérience cathartique et collective.

 

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