26 février 2025 12:00
Les biopics, l’avenir du cinéma ?
Cinéma et société
@LEE MILLER - AZNAVOUR - MARIA - THE SOCIAL NETWORK
Entre personnages ayant marqué l’histoire d’un pays, chanteurs, acteurs, sportifs, le film biographique est un genre cinématographique qui revient en force depuis quelques années.
Les récits cinématographiques basés sur la vie d'artistes ou de figures emblématiques connaissent une popularité croissante ces dernières années. Ce genre, qui revisite la trajectoire de personnalités marquantes, est en plein essor. 2024 a d’ailleurs été une année marquante à cet égard. Parmi les films notables, on trouve Back to Black sur Amy Winehouse, The Apprentice qui relate la vie de Donald Trump, ainsi que des œuvres consacrées à des légendes comme Bob Marley, Charles Aznavour et Lee Miller. En 2025, la tendance se poursuit avec la sortie imminente de films sur Robbie Williams, Bob Dylan, et Maria Callas.
Les films biographiques sur des artistes, notamment des chanteurs, dominent particulièrement ce phénomène. Bien souvent, ces œuvres sont réalisées après la mort de l’artiste, bien qu'il existe des exceptions notables comme The Social Network sur Mark Zuckerberg ou Rocketman sur Elton John, produits alors que les protagonistes étaient encore en vie.
Les biopics ont leurs limites
Ces derniers offrent souvent des récits riches en émotions et en musique, et c’est ce que les gens recherchent. Cependant, ces films, bien qu'émotionnellement puissants, peuvent soulever des questions sur leur fidélité à la réalité. Un article de C'est La Vie va jusqu’à écrire: "Lorsqu’ils n’accumulent pas les inexactitudes historiques, ces films n’hésitent pas à idéaliser ou à diaboliser certains protagonistes." Back to Black en est un exemple : le film sur Amy Winehouse a été critiqué pour sa représentation biaisée de certains événements, notamment à cause de l'implication du père de l’artiste dans la production, ce qui a orienté le récit d'une manière jugée faussée.
Ce genre cinématographique suscite également une fascination croissante pour les destins tragiques ou héroïques des célébrités. Une sorte d’"obsession morbide", comme le dit Konbini, semble se développer, avec une tendance à explorer les vies dramatiques des artistes, leur ascension fulgurante et leurs chutes tragiques. Cette tendance est particulièrement présente dans les films musicaux, qui attirent à la fois l'attention et suscitent de fortes émotions. Les studios semblent de plus en plus attirés par ces récits, captant un large public rêvant de vivre ces histoires intenses. Cependant, cette fixation sur les destins tragiques de célébrités pourrait devenir un genre dominant, au risque de saturer le marché et de perdre sa capacité à innover.
Le biopic, un bon filon
Mais au-delà de la popularité des films biographiques, plusieurs critiques ont émergé concernant la façon dont ces œuvres dépeignent les figures historiques. Il existe un débat sur la manière dont les réalisateurs manipulent les faits : certains films prennent des libertés créatives, et la frontière entre la réalité et la fiction devient parfois floue. La subjectivité dans la représentation des événements et des personnages soulève des interrogations sur le respect des personnes représentées, ainsi que sur la véracité des faits.
Les critiques pointent également la tendance à se concentrer sur des figures historiques célèbres, souvent occidentales et masculines, ce qui limite la diversité des récits. Pourtant, les films biographiques offrent également un moyen de rendre hommage à des personnalités qui ont marqué l’histoire, qu'elles soient connues pour leur carrière musicale, leur engagement social ou leur influence politique positive ou négative, comme le film The Apprentice sur Donald Trump. Cette prolifération de films permettant de revisiter l'histoire à travers des figures populaires suscite un large intérêt.
Alors, les récits biographiques représentent-ils l'avenir du cinéma ? C’est possible, car ils continuent d’attirer un large public et sont facilement exploitables commercialement. Toutefois, il est crucial de réfléchir à la manière dont ces histoires sont racontées. Les films inspirés de vies réelles sont de plus en plus présents sur grand écran, mais la frontière entre documentaire et fiction devient de plus en plus floue. La question de l’équilibre entre le respect de la réalité historique et la liberté créative des réalisateurs reste centrale. Une chose est certaine : ces œuvres continueront de jouer un rôle important dans l'industrie cinématographique et d'alimenter les débats sur la représentation et la vérité.