27 mai 2024 02:00
Festival de Cannes 2024 : la Palme d’or de Sean Baker et tout le palmarès 2024
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©Festival de Cannes - Capture d'écran FTV - Brut
Chaque année, la Croisette se transforme en un champ de bataille galactique où les réalisateurs, acteurs et producteurs se livrent une guerre sans merci pour décrocher la tant convoitée Palme d'Or. Et cette année, le jury présidé par Greta Gerwig n'a pas fait dans la demi-mesure !
Après avoir visionné les 22 films de la compétition officielle, ils ont dû naviguer entre l'enthousiasme débordant et le rejet le plus catégorique. Mais finalement, ils ont réussi à composer un palmarès qui, à défaut de faire l'unanimité, a au moins le mérite d'être original et inattendu. Voyons donc de plus près quels sont les heureux élus de cette édition 2024 haute en couleurs.
La Palme d'Or pour un film américain, une première depuis 13 ans
Commençons par le graal de la Croisette, la tant convoitée Palme d'Or. Cette année, c'est le réalisateur américain Sean Baker qui a raflé la mise avec son film "Anora". Une victoire historique puisque cela fait 13 ans qu'aucun film américain n'avait été sacré. Avec son énergie débordante et sa formidable interprète Mikey Madison, "Anora" raconte l'histoire d'une jeune travailleuse du sexe qui tente de s'extirper de sa condition grâce à un mariage fortuné. Un sujet gras et sulfureux que Sean Baker traite avec son habituelle maestria, transformant l'excès en un film aussi captivant que réjouissant.
Le Grand Prix pour une réalisatrice Indienne
Après la Palme d'Or, le Grand Prix est sans aucun doute la distinction la plus prestigieuse du Festival. Et cette année, c'est une autre première historique puisque c'est la réalisatrice indienne Payal Kapadia qui l'a remporté avec son film "All We Imagine as Light". Dans ce premier long-métrage de fiction, Kapadia nous bouleverse avec l'histoire d'un trio de femmes dont les chemins se croisent et se nouent. Une oeuvre magnifique et généreuse, où la lumière fuse littéralement à l'écran pour nous immerger dans les tourments de ces personnages. Un film puissant qui confirme tout le talent de cette jeune cinéaste.
Jacques Audiard cartonne avec "Emilia Perez"
Si on devait résumer le palmarès de cette édition 2024 en un seul mot, ce serait sans doute "inattendu". Et nulle part ailleurs cette surprise n'est plus flagrante que dans le cas du film "Emilia Perez" de Jacques Audiard. Le réalisateur français, connu pour ses films sombres et grinçants, a en effet réussi l'exploit de décrocher deux récompenses pour cette comédie musicale improbable. D'abord le Prix du Jury, puis le Prix d'interprétation féminine décerné à un collectif d'actrices (Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez et Adriana Paz).
Avec son récit d'un narcotrafiquant mexicain repenti qui change de sexe, Emilia Perez est sans aucun doute l'un des films les plus fous et audacieux de la compétition. Une oeuvre "poussive" certes, mais qui a su convaincre une partie du jury, notamment grâce à la performance vocale époustouflante de son casting féminin.
Miguel Gomes, le grand perdant de cette édition
Si Jacques Audiard a réussi à tirer son épingle du jeu, ce n'est malheureusement pas le cas de tous les réalisateurs confirmés présents cette année. Parmi les grands déçus, on peut citer le Portugais Miguel Gomes et son film "Grand Tour". Malgré son ambition affichée de retracer l'épopée d'une femme abandonnée à travers l'Asie du début du XXe siècle, le film s'avère être un "triste ratage" selon nos critiques. Trop hybride et "irritant" dans sa forme, "Grand Tour" n'a pas réussi à convaincre le jury qui lui a tout de même décerné le Prix de la mise en scène.
Le coup de coeur du jury pour Mohammad Rasoulof
Heureusement, le palmarès 2024 n'a pas que des déceptions. Il y a aussi eu de belles surprises, à commencer par le Prix spécial du jury attribué au réalisateur iranien Mohammad Rasoulof pour son film Les Graines du figuier sauvage. Exilé dans son propre pays, Rasoulof signe ici une oeuvre puissante et engagée, métaphore de la situation de l'Iran. À travers l'histoire d'une famille prise dans le tourbillon de la contestation, le cinéaste fait monter la paranoïa et mêle avec brio la fiction à la violence des images documentaires. Un film "fabuleux" qui a visiblement touché la fibre sensible du jury.
Coralie Fargeat, la surprise du chef
Parmi les autres lauréats de cette édition 2024, on ne peut pas passer à côté de Coralie Fargeat, récompensée pour le scénario de son film The Substance. La réalisatrice française s'est en effet éclatée avec cette comédie choc et gore sur le vieillissement du corps féminin, mettant en scène une Demi Moore en pleine reconquête de sa jeunesse grâce à un sérum aux effets secondaires monstrueux. Un film "rides or die" qui a visiblement séduit le jury.
Les révélations de la Caméra d'Or
Outre les prix de la compétition officielle, le Festival de Cannes met aussi à l'honneur de jeunes talents émergents à travers la Caméra d'Or. Et cette année, c'est le Norvégien Halfdan Ullmann Tøndel qui a raflé la mise avec son film Armand. Mais le jury a également tenu à décerner une mention spéciale à Mongrel, du Taïwanais Chiang Wei Liang. .
La Queer Palm pour "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde"
Enfin, le Festival de Cannes décerne aussi chaque année la Queer Palm, récompensant les films LGBTQ+. Et cette année, c'est le Roumain Emanuel Parvu qui a été sacré pour son film "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde". Dans ce drame rural se déroulant dans le somptueux décor du delta du Danube, Parvu raconte avec sensibilité le rejet d'un jeune garçon par son village après qu'il a été surpris en train d'embrasser un autre homme.