26 août 2025 10:30
"Le Roi Soleil" : Vincent Maël Cardona braque le PMU de nos imaginaires
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© Le Roi Soleil de Vincent Maël Cardona - StudioCanal
Après l’éblouissant Les Magnétiques, Vincent Maël Cardona revient avec Le Roi Soleil, présenté à Cannes 2025. Loin des ors du château de Versailles, l’action démarre dans un bar-tabac banal, où un habitué remporte le gros lot au Loto… avant d’être braqué et tué. Les témoins du drame, plutôt que de prévenir la police, imaginent comment se partager le pactole, quitte à réinventer la réalité comme un scénario.
Une fascination pour les jeux de hasard
Cardona avoue une fascination ancienne pour les jeux d’argent, et en particulier pour ce geste presque rituel qu’est celui de cocher des grilles ou de gratter un ticket. Un geste à la fois banal, partagé par tous, et pourtant chargé d’une part de croyance irrationnelle. C’est cette tension entre le rêve de fortune et l’enlisement dans le réel qui irrigue Le Roi Soleil et qui pose question autour de cette mélancolie du réel.
Un projet qui a mûri plus de dix ans
Imaginé il y a plus de 10 ans, Cardona voulait un huis clos, mais aussi un décor qui respire et se transforme au gré des personnages. Résultat : un bar-tabac pensé comme une spirale fictionnelle. La salle principale sent bon le PMU de quartier, la cave lorgne du côté de l’horreur, tandis que l’arrière-salle se mue en espace baroque digne d’un théâtre psychologique. L’ambiance devient un personnage à part entière.
© Le Roi Soleil de Vincent Maël Cardona - StudioCanal
Un casting au carrefour des rencontres
Pour donner chair à cette mosaïque, Vincent Maël Cardona a réuni un casting éclectique. Anecdote amusante : Pio Marmaï et Sofiane Zermani avaient auditionné pour le même rôle… le cinéaste a décidé de les faire jouer ensemble. À leurs côtés, Xianzeng Pan incarne le patron du bar, un choix qui ancre l’histoire dans une France contemporaine et multiculturelle. On retrouve également Lucie Zhang, Maria De Medeiros, Panayotis Pascot, Joseph Olivennes, Nemo Schiffman et Claude Aufaure. Chaque visage devient une facette de ce jeu de dupes autour de l’argent et du destin.
© Le Roi Soleil de Vincent Maël Cardona - StudioCanal
Un film de genre… mais pas tout à fait
Si le film convoque des images de polar, Cardona insiste : il ne s’agit pas d’un film de genre classique. Plutôt un miroir déformant des fantasmes collectifs qui nourrissent nos imaginaires. Le cinéaste joue avec ces codes pour mieux les détourner. Ce n’est pas tant l’intrigue policière qui compte que le vertige qu’elle déclenche. Une échappatoire qui nous enivre autant qu’elle nous engloutit.
Cannes et au-delà
Sélectionné à Cannes 2025, Le Roi Soleil confirme le goût de Cardona pour les croisements audacieux entre réalisme social et rêveries cinéphiles. Après Les Magnétiques, ce deuxième long-métrage devrait marquer un tournant, installant définitivement le réalisateur comme l’une des voix les plus singulières du cinéma français.
© Le Roi Soleil de Vincent Maël Cardona - StudioCanal
Conclusion
Avec Le Roi Soleil, Vincent Maël Cardona transforme un ticket de loto en bombe dramaturgique. Entre satire sociale, polar détourné et expérimentation visuelle, le film rappelle que le hasard n’est jamais neutre : il dit quelque chose de nous, de nos désirs et de nos fictions.