16 septembre 2024 12:00
"Speak No Evil" : notre avis sur le remake
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©Universal Pictures International France
Quand on entend qu'un film va subir un lifting américain, on ne peut s'empêcher de se demander si le résultat sera à la hauteur de l'original. C'est justement le cas avec "Speak No Evil", remake du film danois "Ne dis rien" sorti en 2022. Alors que les critiques sur ce nouveau film sont tombées, on ne peut que constater que les avis sont... tranchés. Certains le trouvent réussi, d'autres le jugent bien trop sage par rapport à son prédécesseur. Mais une chose est sûre, ce remake a de quoi faire réagir.
"Ne dis rien" l'original : Une satire sociale mordante
Commençons par le commencement, le film danois "Ne dis rien" de Christian Tafdrup. Celui-ci est une véritable bombe à retardement, une satire sociale glaçante qui fait monter le malaise crescendo avant de nous exploser à la figure dans ses ultimes minutes. Loin des clichés du film d'horreur clinquant, le réalisateur prend son temps pour installer une ambiance pesante, jouant sur les contrastes entre les personnages et leurs modes de vie. D'un côté, on a cette famille américaine bourgeoise, coincée dans ses principes et ses codes sociaux. De l'autre, ce couple de Britanniques complètement désinhibés qui les invitent dans leur propriété isolée. Bien vite, le malaise s'installe, la tension monte, jusqu'à ce que la violence éclate dans un final dévastateur. Le film est une véritable claque, une oeuvre glaçante qui ne vous lâche pas facilement.
"Speak No Evil" le remake : Un thriller d'horreur plus classique
Maintenant, place au remake américain réalisé par James Watkins. Si l'on retrouve les grandes lignes de l'intrigue originale - cette rencontre fortuite entre deux familles aux antipodes qui tourne au cauchemar -, le ton est ici bien différent. Fini la lente combustion et le malaise insidieux, place à un thriller d'horreur plus classique, avec son lot de scènes de violence et de rebondissements. Le réalisateur joue davantage sur l'ambiance anxiogène que sur les purs moments de terreur, mais le résultat peine à convaincre autant que l'original. Certes, on apprécie le jeu d'acteurs, notamment celui de James McAvoy, qui livre une performance glaçante en psychopathe. Mais le film semble parfois se perdre dans ses propres excès, peinant à trouver le juste équilibre entre thriller psychologique et horreur sanglante.
Une performance de McAvoy mémorable
Justement, parlons de cette performance de James McAvoy, l'acteur écossais livre ici une prestation mémorable. Avec son regard fou il incarne à la perfection ce personnage de Paddy, à la fois charmeur et totalement dérangé. On sent toute la bestialité refoulée de ce personnage, cette violence qui ne demande qu'à exploser. McAvoy excelle dans ce registre du psychopathe charismatique, rappelant ses rôles marquants dans "Split" et "Glass". Son personnage est clairement le point fort de ce remake, celui qui arrive à captiver le spectateur malgré les défauts du film.
Un huis clos anxiogène réussi
Malgré ses défauts, le "Speak No Evil" de James Watkins n'en reste pas moins un huis clos anxiogène réussi. Si le réalisateur n'atteint pas les sommets de l'original, il parvient tout de même à créer une ambiance pesante et dérangeante, grâce à une mise en scène soignée et une utilisation judicieuse du décor. La vieille ferme isolée, avec son plancher grinçant et son absence de réseau, devient un personnage à part entière, ajoutant à l'impression d'enfermement et de malaise. La musique, elle aussi, joue un rôle essentiel, se faisant rare mais toujours au bon moment pour accentuer la tension.